Une aventure collective de 2014 à 2022

Pas loin de notre local, un espace vert de près de 2000m² sert de parvis à plusieurs équipements (des algécos plus précisément) dédiés à la petite enfance . Des pelouses dissimulant un sol pauvre et compacté. Ce terrain appartient à la ville de Lille. Une mise à disposition pour l’association se concrétise au bout de quelques mois de discussions et d’écriture de projet.
Nous voyions, à travers ce premier jardin, une opportunité de questionner l’appropriation de la ville, de ces “espaces verts” souvent sous-valorisé, en démontrant leur productivité.
L’hypothèse initiale sous-entendait qu’à travers la création d’une dynamique comme celle du jardin ressource, allait se révéler un réseau potentiel d’espaces à cultiver, à jardiner, un réseau d’initiatives, d’énergies, de savoir-faire et de lieux à investir. Un réseau pour encourager l’action, et renouer des liens symboliques et concrets avec la terre.

Le terrain mis à disposition pour mettre en place ce qui deviendra le Jardin ressource a permis de voir se concrétiser plusieurs fonctions :

  • Un jardin comestible et accueillant la biodiversité, un jardin où tout se mange! entre un potager, géré par les habitants, et un jardin-forêt, écosystème expérimental de plantes vivaces réussissant plus de 150 plantes différentes et plus de 50 arbres!
  • Un espace pédagogique, un lieu d’apprentissage continue, où des dizaines d’ateliers ont été proposés, ou des centaines de personnes sont passées, habitant.es, écoles, universités, professionnelles, élu.es etc.
  • Un jardin ouvert, au service du lien social, devenu un lieu incontournable de rencontre pour le quartier, et où nous avons assuré une permanence hebdomadaire au service des curieux et bénévoles pendant les 8 années de vie du jardin!
  • Un jardin-forêt expérimental sur une petite surface, servant d’exemple, qui a été présenté dans plusieurs séminaires, et qui fait référence dans nos pratiques de paysagistes.
  • La création d’un poste de jardinier-animateur, clé de réussite du projet et garant de la multifonctionnalité du lieu.

Le Jardin-Forêt et la dimension pépinière

En 2015, nous plantons des arbres fruitiers pour constituer ce que nous appelions le verger-jardin, et c’est la révélation !

Sur une surface de 700 m2, nous commençons un nouvel aménagement, le jardin-forêt, et commençons par la plantation de 12 arbres, des pommiers et poiriers d’essences locales.

La plantation de ces fruitiers a donné du sens à notre action en ancrant le projet durablement. Le verger nouvellement planté a changé la lecture du paysage du jardin. Le jardin a pris une nouvelle dimension, de la hauteur.

Nous installons progressivement des cassissiers, groseillers, framboisiers et noisetiers. Des îlots de jardin-forêt se dessinent.

Nous dessinons de larges allées, car le jardin reste un espace partagé et ouvert au public, avec beaucoup de passages et des enfants qui viennent y jouer.
Ce que nous appelions timidement le « verger » devient progressivement « forêt-jardin », avec l’arrivée des vivaces (Plantain corne de cerf, Oseille sanguine, Menthe, Sauge, Thym, Rhubarbe, Epinard fraise, Chataigne de terre, Occas, choux daubenton), des quelques annuelles installées là au printemps, avec les semis d’engrais verts, et la perspectives de nouveaux arbres, dont des fixateurs d’azote et des fruitiers plus rares.

Nous entrons dans l’univers du Jardin-Forêt, dans la richesse et la multifonctionnalité de cet écosystème, avec son lot de leçons sur le vivant qui ne fait qu’animer notre curiosité et notre envie d’aller toujours plus loin.
En 2019, l’énergie est mise dans l’espace pépinière qui se dessine progressivement, autour de la production d’arbres fruitiers basse tige, adapté aux petits espaces urbains. Cet espace est vite mis au service d’autres projets, privés ou publics, et nous permet en parallèle d’apprendre, tester la multiplication végétale, renouer avec ces gestes.

La pépinière vise l’essaimage de la démarche et le développement d’une «agroforesterie urbain ». Nous ouvrons de nouvelles perspectives de projets, convaincu.es désormais de la pertinence de ces systèmes “jardin-forêt” sur des petites surfaces.

 

En 2022, nous devons quitter le Jardin Ressource. La mise à disposition n’est pas reconduite.

Le projet “peps, en branches organisées” (lien vers la partie peps) nous permettra de sauvegarder la ressource végétale, et impulsera une nouvelle dimension au projet Les Unités de produiction Fivoises, en essaimant, en créant un nouveau système d’autoproduction et d’échange de savoir-faire.

8 année d’expériences : le bilan du Jardin Ressource

En décembre 2022, la convention de mise à disposition du terrain par la Ville n’a pas été reconduite. Nous n’avons pas réussi à concrétiser un projet de transition qui aurait pu permettre d’intégrer le jardin ressource aux futurs projets urbains prévus sur cet îlot fivois, faute de partenariat solide et solidaire. C’est la fin de l’aventure du Jardin ressource sous cette forme là, mais l’amplification du projet peps!

Le projet Les Unités de Production Fivoise a été financé par La Fondation de France, la Fondation Daniel et Nina Carasso, la fondation Nature et découverte, le département du Nord et la région Hauts-de-France, la MEL En partenariat avec la Ville de Lille.

L’accréditation en Permaculture appliquée

Pascaline Boyron a été accréditée en mai 2021 par l’Université Populaire de Permaculture pour son travail de recherche-action, pendant 7 ans, sur la thématique de la Permaculture Urbaine. Son sujet d’étude a été le projet “les Unités de Production Fivoises.”

« Tout commence par le champignon, en s’inspirant de son fonctionnement en réseau. Puis ça prend forme, ça se construit autour d’un jardin, comme un prétexte à se réunir et à former une communauté agissante, au cœur d’un quartier populaire et dense.
Ici, nous rêvons collectivement d’une ville dédensifiée, apaisée, qui côtoie des formes d’agroforesterie urbaine, des fermes pédagogiques, multifonctionnelles, des voisins engagés permettant de s’organiser en pe­tites communautés de quartier, des arbres fruitiers toujours plus nombreux, des sols restaurés…
La permaculture urbaine, où l’urgente mission de penser et construire dès aujourd’hui une nouvelle manière de faire et de vivre en ville. »

Ce travail de recherche continue, amorcé après un premier Cours Certifié de Permaculture en 2013, a été nourrit de plusieurs formations, avec Antoine Talin, puis Bernard Alonso, et bien sûr autour d’une expérience transformatrice concrète.

L’Université Populaire de Permaculture, l’Atelier des Alvéoles et Permaculture Internationale sont partenaires. La présentation publique s’est déroulée le 2 mai 2021, à l’Îlot des Combes, et retransmis sur le Campus des Alvéoles