75% de la population vit en ville. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter. Pourtant aujourd’hui, la ville dysfonctionne indéniablement. : trop dense, trop pollué, trop aménagé, manque de lien au vivant, îlots de chaleur devenus insupportables l’été, aucune résilience etc.
L’urgence est de repenser les logiques de construction (ou de non-construction?) de la ville. Ces territoires étouffent, et ne répondent plus à nos besoins fondamentaux.
La ressource principale des villes : les humains qui l’habitent !
Partons de cette ressource. C’est ensemble et de manière collaborative que nous trouverons les solutions!
“Habitants des villes, reconnectons-nous (au vivant)!
Produisons nos ressources, valorisons nos savoir-faire, devenons des producteurs locaux, interconnectés les uns aux autres! (Notre force, notre outils de résilience). Nous avons le devoir de nous mettre en réseau, pour cultiver et inspirer, pour réapprendre à vivre en communauté, et pour se reconnecter à l’ensemble du vivant.”
En 2012, nous partons découvrir des applications de l’agriculture urbaine en Amérique du Nord, à Montréal et à Détroit.
L’agriculture urbaine est vaste. Et les acceptations sont nombreuses, nous en prenons progressivement conscience.
Quand on parle d’agriculture urbaine, de quoi parle-t-on exactement?
Parle-t-on d’autonomie des villes?
Parle-t-on d’agriculture hors-sol, de toits végétalisés, de jardins partagés, de ruchers urbains, de potagers, de vergers de maraude, ou alors de ferme urbaine?
Parle-t-on de liens sociaux, de solidarité, de résilience, de nouvelles économies ou encore de retour à la terre?
De retour de ce voyage d’étude, nous décidons de forger notre propre vision, et d’accomplir nos propres expérimentations empiriques et concrètes de l’agriculture urbaine.
Nous partons d’une hypothèse, celle que l’agriculture urbaine serait une réponse pour changer la forme d’un quartier et toucher ses habitants car elle permet d’aborder différentes questions de société : l’autonomie alimentaire, l’économie, le lien et le développement social, la citoyenneté, l’écologie, les mutations urbaines.
Une hypothèse de départ qui sera confrontée au terrain, mise à l’épreuve des usagers et habitants, pour être «vérifiée», puis amendé.
Depuis la création des Saprophytes en 2007, nous sentons le besoin de repenser les espaces publics de manière plus systémique. Nous gardons en mémoire le premier projet qui a fédéré le collectif : la construction d’une champignonnière dans le quartier de l’Alma à Roubaix.
“Saprophytes à l’Alma” pourrait être perçu comme la génèse de ce vaste projet de recherche-action, entrepris après ce voyage d’étude à Montréal et à Détroit.
Le projet-processus objet de ce récit est de l’ordre du projet “laboratoire”, à valeur d’exemple. Les méthodes et approches qui y sont testées à échelle réduite, ont vocation à être montrées pour inspirer d’autres démarches, sur d’autres sites. Le projet porte en lui intrinsèquement cet objectif d’essaimage.
Ce processus complexe invite à une évolution des modes d’intervention sur la ville et le territoire. Il se réclame d’un urbanisme concret, il privilégie l’expérimentation, les essais à échelle micro, et renonce à un dessin issu d’une conceptualisation en amont. Notre projet se vit et se construit par “expériences” et c’est pourquoi nous le considérons comme une “recherche” permanente.
En 2012, nait le projet « Les Unités de Production Fivoises » !
De 2012 à 2022, Les Saprophytes ont agi sans commande, avec beaucoup d’intuitions et d’engagements, dans un projet systémique, ancré localement (à Fives) pour questionner l’autoproduction et notre rapport au sol, en ville.
La vision : créer un système d’autoproduction, de micro-agriculture urbaine et d’échange de savoir-faire à l’échelle d’un quartier.
Les premières Unités de production démarrent en 2014 au local des Saprophytes avec un rucher, un laboratoire de production de pleurotes à partir du marc de café récupéré et un poulailler.
Puis au fil des rencontres, nous avons eu accès à un terrain de la ville de Lille en 2014, à de pas de nos bureaux.
Ce sont 2000m² d’espaces publics, un espace enherbé, qui deviendront le Jardin Ressource, et accueilleront un espace de rencontre, un composteur de quartier, un potager, un jardin-forêt et une pépinière d’arbres.